A l'occasion du lancement de l'initiative "French fab", le gouvernement a présenté les leviers pour favoriser l'émergence des technologies de demain. "L'innovation de rupture" sera financée grâce à un fonds de 10 milliards d'euros. En parallèle, un plan d'investissement de 57 milliards d'euros sur le quinquennat sera mis en place, dont près de la moitié dédiée à l'innovation.
La rupture pour mieux avancer. Bruno Lemaire, ministre de l’économie et des finances, l’avait annoncé dès cet été : l’Etat financera un fonds pour l’innovation de rupture, avec pour objectif de doper les capacités technologiques des entreprises françaises. Selon le ministre, son déploiement devrait avoir lieu au début de l’année 2018. Ce fonds sera doté de 10 milliards d’euros, que l’Etat récupérera en cédant des prises de participation dans des « entreprises non stratégiques », et devrait produire 200 à 300 millions d’euros disponibles par an. Ce montant sera ensuite investi dans de grands projets d’innovation « de rupture ». Car pour le gouvernement, il s’agit évidemment de permettre aux entreprises françaises de tirer leur épingle du jeu, grâce au développement technologique.
"Une industrie de matière grise"
En s’exprimant, le 2 octobre, lors du lancement de la « French fab », un label inspiré de la « French Tech » qui a donné une belle visibilité aux start-up françaises du numérique à l’étranger, le ministre a rappelé que ce dispositif est au cœur de la nouvelle stratégie industrielle française. « Pour moi, il n’y a qu’un seul cap : c’est une industrie de l’innovation, une industrie 4.0, une industrie de matière grise. », a-t-il appuyé. Lors de ce rendez-vous, Bruno Lemaire a également précisé la définition de l’innovation de rupture, selon le gouvernement : « [L’innovation] qui ne rapporte pas tout de suite mais qui permettra de maintenir la France en tête des grandes nations industrielles ». Certains domaines clés ont été identifiés comme les transports, la santé, les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie. Les modalités d’accès à ce fond n’ont toutefois pas été précisées.
Un plan d'investissement tourné vers l'innovation
En parallèle de ce fonds, le gouvernement met en place un grand plan d’investissement (GPI) public de 57 milliards d’euros sur cinq ans. Annoncé par le Premier ministre Edouard Philippe le 25 septembre, et confirmé deux jours plus tard lors de la présentation du projet de loi de finance 2018, il vise quatre objectifs : la transition écologique, la formation professionnelle, l’innovation et la transformation numérique de l’action publique.
Avec 20 milliards d’euros, le volet transition écologique sera le principal bénéficiaire du GPI. Près de la moitié ira à l’amélioration de l’efficacité énergétique du bâtiment et 4 milliards pour la mobilité. Enfin, 7 milliards seront dédiés à « la recherche et l’innovation pour lutter contre le changement climatique et accélérer notre transition écologique, comme par exemple les projets de villes durables et intelligentes, ou le développement de nouvelles sources d’énergie. » Il vise également à faire changer les comportements des individus et des entreprises.
Encourager la prise de risque
Le financement de l’innovation bénéficiera de 13 milliards d’euros. 4,6 milliards encourageront « la prise de risques dans les secteurs de demain », comme l’intelligence artificielle, le big data, les nanotechnologies et la cybersécurité. Des concours d’innovation seront prochainement lancés pour sélectionner « plusieurs centaines de PME ou start ups dans les domaines stratégiques ». 3,5 milliards iront aux universités et 5 milliards « pourraient être investis » soutenir la recherche et les nouveaux outils dans l’agriculture, la pêche, l’agroalimentaire et le secteur forêt-bois.
Les 24 milliards d’euros restant du GPI seront attribués à la formation professionnelle et au virage numérique de l’Etat.
Le troisième volet du programme d'investissements d'avenir est compris dans ce GPI : 10 milliards d'euros de crédits dont les bénéficiaires seront sélectionnés et évalués par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), l’Agence nationale de la recherche (ANR), Bpifrance et la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Les premiers crédits devraient être octroyés dès 2018.
Alexandre Couto et Xavier Boivinet